Sur invitation conjointe de Leurs Majestés, Abdallah II, Roi de Jordanie et Philippe VI, Roi d’Espagne, le ministre d’Etat, ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération, M. Hassoumi Massoudou a représenté le Président de la République, Chef de l’Etat, M. Mohamed Bazoum à la réunion du processus d’Aqaba, tenue les 19 et 20 juin 2023, à Cordoba, en Espagne.
Le processus d’Aqaba, faut-il le rappeler est une initiative lancée en 2015 dans la ville du même nom par le Roi de Jordanie Sa Majesté Abdallah II, afin de renforcer la coopération internationale contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Dans ce cadre, des réunions informelles de Haut Niveau sont tenues en vue d’échanger les bonnes pratiques et les propositions efficaces de lutte contre l’expansion du terrorisme et de l’extrémisme violent. Cette année, le thème principal de la réunion a porté sur la situation sécuritaire en Afrique de l’ouest et au Sahel.
Dans une déclaration qu’il a livrée, au nom du Président de la République, le ministre d’Etat Hassoumi Massoudou a indiqué que cette rencontre se tient à un moment où ces régions connaissent un regain d’insécurité lié aux attaques récurrentes perpétrées par des groupes terroristes affiliés à l’Organisation terroriste mondiale Daech. Il a ensuite exprimé sa grande préoccupation devant le dégré de résilience et d’adaptation dont fait montre Daech qui, ayant perdu tout contrôle territorial en Irak et en Syrie a réussi en si peu de temps à exporter ses atrocités en Afrique, notamment dans sa partie ouest et dans le bassin du lac Tchad. «Cette expansion rapide de la menace terroriste du Moyen Orient vers l’Afrique de l’Ouest et le Sahel s’est opérée par le biais de plusieurs groupes locaux affiliés aux organisations terroristes mondiales, notamment Daech et Al Qaida», a relevé le ministre d’Etat.
«L’accélération de leurs activités a été fortement liée aux évènements en Libye depuis 2011, puis par des raisons internes, notamment les conséquences des changements climatiques ayant induit la crise du mode de vie pastoral, ainsi que la faible présence de l’Etat dans les zones périphériques», a-t-il ajouté. Les groupes terroristes emploient des tactiques de guerre asymétrique et opèrent comme des insurrections locales. Dans la région du Sahel, notamment dans la zone des 3 frontières (Niger-Burkina Faso-Mali), ils ont pu habilement exploiter des conflits intercommunautaires ainsi que les ressentiments de certains groupes ethniques envers le pouvoir central, pour s’installer et se développer dans les parties septentrionales.
De l’autre côté, dans le Bassin du Lac Tchad, Boko Haram né au nord-est du Nigeria, s’est vite métamorphosé en épousant certaines revendications communautaires et en recrutant dans certaines communautés vivant dans les villages des pays voisins, notamment au Niger, au Tchad et au Cameroun. “Au Niger, la crise de Boko Haram a entrainé les mouvements de 130.000 jeunes d’origine nigériane dans les villes frontalières du Niger, 105.000 déplacés internes et près de 30.000 Nigériens revenus du Nigeria. Les premières à supporter le poids de ces flux de déplacés et réfugiés sont les populations pauvres des villes et villages qui les accueillent», a souligné M. Hassoumi Massoudou.
Notant que la recrudescence d’attaques terroristes au Sahel intervient à un moment où presque toute l’attention de la communauté internationale est tournée vers la guerre en Ukraine, le ministre d’Etat a estimé qu’un conflit ne doit pas en cacher un autre, pour dire que «les efforts de la communauté internationale pour vaincre l’expansion de la menace terroriste ne doivent pas connaitre de repit». Aussi, a-t-il lancé, il est grand temps que la communauté internationale se remobilise pour aider nos pays, avant qu’il ne soit trop tard.
En guise de contribution aux échanges, le ministre d’Etat Hassoumi Massoudou a esquissé quelques pistes de solutions pour une lutte efficace contre le terrorisme. Les propositions qu’il a faites sont, entre autres, de renforcer les capacités et moyens militaires des pays qui sont sur la ligne de front; d’adopter des approches multidimensionnelles au-delà des réponses centrées sur la sécurité, c’est-à-dire une plus grande complémentarité entre les réponses sécuritaires, le dialogue permanent entre les communautés et les actions de stabilisation, de relèvement et développement; d’étouffer les sources de financement des groupes armés terroristes; d’anticiper la survenue des conflits latents; et de lutter contre la désinformation diffusée à travers les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication.
Aïssa Alzouma, AP/MAE/C