Le Premier ministre, ministre de l’Économie et des Finances, M. Ali Mahaman Lamine Zeine, a eu deux réunions, en fin de soirée du samedi 9 novembre 2024, à son Cabinet. La première a été avec une équipe du Fonds Monétaire International (FMI) en fin de mission au Niger. L’objectif est de présenter au Premier ministre les conclusions de la sixième revue de l’accord avec le Niger soutenu par la facilité élargie de crédit (FEC) et la deuxième revue du programme soutenu par la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). La seconde réunion a été avec une équipe de la Banque Africaine de Développement (BAD) en début de mission au Niger. Poursuivant un double objectif, cette mission est arrivée au Niger dans le cadre du Dialogue pour l’extension du Document Stratégie Pays (DSP) de la BAD et la Revue de performance du portefeuille des projets financés par la BAD.
Le chef de mission du FMI, M. Antonio David, a indiqué que cette rencontre a permis d’annoncer au Premier ministre que les différentes parties ont pu trouver un accord au niveau des services pour la conclusion de ces revues. « Nous avons remercié les autorités nigériennes pour leur excellente collaboration. Nous avons également échangé sur les perspectives de l’économie nigérienne qui s’avèrent être assez positives cette année », a-t-il déclaré avant de souligner que les efforts continus des autorités pour simplifier le système fiscal et adopter une stratégie de gestion des recettes pétrolières sont des réformes essentielles pour créer un espace budgétaire afin de répondre aux besoins de dépenses de développement.
Par ailleurs, M. Antonio David a déclaré que les perspectives économiques sont favorables à court terme, avec une croissance projetée à 8,8 % pour l’année 2024, soutenue par les exportations de pétrole, la levée des sanctions et une bonne saison agricole. « L’accord au niveau des services sera soumis à l’approbation de la Direction et du Conseil d’Administration du FMI. L’achèvement de la revue de la FEC permettrait un décaissement à hauteur de 13,16 millions de DTS (environ 17,4 millions de dollars, soit 10 % de la quote-part du Niger) pour couvrir les besoins de financement extérieur du pays. De plus, l’achèvement de la deuxième revue de l’accord au titre de la FRD permettrait un décaissement additionnel de 25,66 millions de DTS (environ 34 millions de dollars, soit 19,5 % de la quote-part du Niger) », a-t-il indiqué.
Selon le chef de la mission du FMI, l’accord au titre de la facilité élargie de crédit vise à renforcer la stabilité macroéconomique et à jeter les bases d’une croissance résiliente, inclusive et tirée par le secteur privé. Il a notifié que des écarts ont été observés par rapport à certains objectifs budgétaires du programme à fin juin et fin septembre 2024, notamment en ce qui concerne les recettes fiscales et l’accumulation d’arriérés au titre du service de la dette. « Néanmoins, les autorités nigériennes prennent des mesures pour y remédier. Les autorités ont également réaffirmé leur volonté de se conformer au critère de l’UEMOA, à savoir un déficit budgétaire global de 3 % du PIB d’ici 2025. La mise en œuvre des réformes visant à simplifier le système fiscal, à élargir l’assiette de l’impôt et à adopter une stratégie de gestion des recettes pétrolières est en bonne voie. Ces efforts contribueront à créer de l’espace budgétaire pour répondre aux besoins de dépenses de développement », dit-il.
Quant au financement de la FRD, il soutient les efforts de réforme et d’investissement visant à faire face aux risques et aux défis croissants liés au changement climatique, renforçant ainsi la résilience et protégeant les moyens de subsistance. « Les autorités nigériennes ont nettement progressé dans la mise en œuvre de réformes visant à suivre les dépenses liées au climat, à analyser les risques budgétaires liés aux catastrophes naturelles et à intégrer les aspects climatiques dans l’évaluation des projets d’investissement public », a conclu le chef de la mission du FMI.
Mettre à jour le Document Stratégie Pays de la BAD
Lors de la seconde réunion avec l’équipe de la BAD conduite par M. Lamin Barrow, Directeur Général de la Région Afrique de l’Ouest, le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine a souligné qu’il faut que le DSP soit mis à jour pour permettre au Niger et à la banque de pouvoir justifier et insérer l’emploi de ses ressources prévues. « On vient de terminer une réunion avec le chef de mission du FMI. Il y a trois éléments qui apparaissent à la fin de cette mission. Il y a la question des arriérés, due à la rareté des ressources liées à l’injustice que le pays a connue. Le deuxième point avec le FMI, c’est la question liée à un certain nombre de réformes finalisées. Il y a la question de la remise en place de la Cour des comptes. Il y a l’engagement du Niger de la remettre en place avant la fin de l’année. Puis le troisième point, c’est la stratégie pour l’emploi des ressources tirées du pétrole », a expliqué le Premier ministre.
M. Ali Mahaman Lamine Zeine a ajouté que le contenu du DSP continue à être une priorité pour le Niger, car c’est le développement agricole, c’est l’énergie, c’est le développement humain, la santé, l’éducation, l’emploi. « Tous ces éléments que nous retrouvons dans le DSP sont une priorité pour nous et que nous comptions reconduire avec vous, quitte à ce que nous en fassions une sorte de consolidation. Les jours à venir vont vous permettre de mesurer les progrès en faisant la revue, mais également de discuter sur les projets qui seront soumis à cette action d’extension du DSP », a conclu le Premier ministre.
Le chef de mission de la BAD, M. Lamin Barrow a, quant à lui, indiqué que la Banque dispose d’un programme indicatif de prêt de 4 opérations en réponse aux recommandations et requêtes du gouvernement nigérien d’un montant de 511 millions de dollars US. « Les quatre opérations programmées pour 2025 sont le Programme d’appui budgétaire pour la promotion des services de base d’un montant d’environ 284,96 millions USD, soit près de 56% de l’allocation. Il aura pour objectif de contribuer à améliorer le niveau de vie des populations en améliorant l’accès et la qualité des services de base. La gestion des finances publiques fera l’objet d’une attention particulière eu égard au rôle critique des institutions budgétaires pour améliorer l’efficacité de la dépense publique ; le projet de renforcement de l’approvisionnement en eau potable et d’assainissement des villes de Zinder et de Mirriah et des villages environnants (PREPA- Zinder Mirriah- Phase I) d’environ 119,84 millions USD ; le Programme intégré de développement de l’Agripreunariat des jeunes au Niger d’environ 93,21 millions USD ; et le Programme de financement de la gestion des risques de catastrophe en Afrique de près de 13,31 millions USD (10 millions UC) », a détaillé M. Lamin Barrow.
Hamissou Yahaya (ONEP)