Quelque part dans un quartier de Niamey, deux femmes soigneusement voilées avancent vers une maison dont les portes sont grandement ouvertes et laissent voir un hangar entouré de fleurs de toutes sortes. A côté du hangar dont la propreté ne laisse personne indifférente, on peut lire sur une porte : Médecin généraliste. Les deux femmes sont au centre humanitaire Aicha pour une consultation. Elles n’ont pas tardé à franchir la porte pour rencontrer le docteur et ressortir quelques instants après, pendant que d’autres patients font leur entrée.
Qui l’aurait cru, la construction de ce centre de soins est tout simplement l’œuvre d’un groupement de femmes du Niger.
En effet, pendant longtemps, au Niger, la construction de certaines catégories de centres de soins, de puits, de mosquées est toujours faite par des structures de bienfaisance issues de pays amis ou partenaires de notre pays. Ces structures interviennent généralement sur leur propre initiative ou à la demande des Nigériens. Souvent de bonnes volontés du pays peuvent aussi mettre la main à la poche pour financer individuellement de telles œuvres. Dans les deux cas, ces actions sont connues parce que fortement médiatisées lors de la remise de l’ouvrage.
Ce qui ne fait pas l’ombre d’un doute, c’est que la prise de conscience des Nigériennes et des Nigériens sur l’importance des bonnes œuvres est en train de prendre forme à travers ces actions menées au profit de la population. C’est dans cet esprit qu’un groupement de femmes dynamiques a construit le centre humanitaire de santé Aicha pour aider à l’amélioration de la santé de la femme, de l’enfant et de toute la famille au Niger.
A cœur vaillant dit-on, rien d’impossible. Ces femmes ne disposaient au départ que de leurs idées, leur détermination et leur conviction à atteindre leur objectif. Déjà selon Mme Amadou Fatima, présidente du Réseau de solidarité des femmes pour une vie meilleure (Resof), ce groupement faisait des actions sociales. « On aidait les orphelins, les femmes fistuleuses depuis les années 2002. On s’est dit alors mais pourquoi ne pas faire quelque chose de durable. Nous avons pensé à faire des puits et finalement, nous nous sommes entendues sur la construction d’un centre de santé, une maternité où, les femmes seront bien accueillies, bien suivies et où, elles pourront accoucher dans des bonnes conditions.
Le Rêve de ce groupement de femmes est devenu aujourd’hui une réalité. Le centre a vu le jour et il fonctionne depuis près de deux ans à la grande satisfaction des habitants du quartier Banifandou Pompo do et de ses environs. Exemple type d’un centre de bienfaisance, les consultations généralistes ne coûtent que 1000 FCFA. « Aussi, nous prenons en charge gratuitement les orphelins et les veuves ainsi que les cas sociaux. Nous continuons les bonnes œuvres en faisant tout ce qui est utile pour la population », affirme la présidente du Resof.
Que d’efforts consentis avant d’arriver là. La présidente aime d’ailleurs rappeler les discussions, les échanges qui ont marqué leur rencontre avant de s’entendre sur la création d’un centre de santé qui est une œuvre durable.
Ma shaa Allah affirme Mme Amadou Fatima, dès que l’idée est lancée, nous avons eu une bonne volonté qui nous a fait un don de deux fois 400 mètres carré soit 800m2 pour faire cette œuvre noble. Avec cet appui consistant, les femmes battantes du Resof ont aussitôt créé une ONG nationale qui est le Réseau de Solidarité des Femmes pour une vie meilleure en 2004. L’acquisition du terrain pour la construction du centre a renforcé le dynamisme des membres du Resof. « Et nous avons commencé à travailler en continuant nos cotisations et en demandant à d’autres personnes d’adhérer à cette cause pour l’amélioration des conditions de vie de la femme, de l’enfant et de la famille d’une manière générale ». Les membres du resof ont aussi lancé une quête et des bonnes volontés se sont manifestées un peu partout pour les aider. Ce qui leur a permis d’entamer un pas important en commençant la construction. « Nous avons dans un premier temps construit trois salles », dit-elle.
Soucieuses de faire aboutir très vite leur projet d’amélioration de la santé de la femme, de l’enfant et de toute la famille, ces femmes ont en 2018, voulu commencé les activités du centre. « Mais le Ministère de la Santé nous a fait comprendre qu’avec trois salles, on ne peut pas faire un centre de santé », affirme Mme Amadou Fatima. Même pour la maternité, trois salles ne suffisent pas, ajoute-t-elle avant de rappeler qu’en 2019, elles ont encore lancé la quête et « les femmes du Ministère des Finances nous ont soutenues avec une somme d’un peu moins de 5 millions (Qu’Allah les récompense de la meilleure façon) ». Ces femmes nous ont toujours soutenues affirme Mme Amadou Fatima qui précise que d’autres personnes ont également contribué en matériels à la construction du centre. Surtout la diaspora. « Nos enfants qui sont à l’extérieur ont vraiment contribué et continuent de contribuer. Les membres du conseil des nigériens en France, aux Etats Unis, aux Canada nous envoient des médicaments », ajoute-t-elle.
Nécessité d’appuyer ce centre
Mme Amadou Fatima reconnait toutefois que faire fonctionner un centre de santé n’est pas facile relativement au paiement des agents, à l’entretien, etc. « Nous avons vraiment besoin d’appuis du Ministère et des bonnes volontés. Nous avons besoin du soutien de l’Etat pour aider à l’amélioration de la santé des populations surtout en cette période de paludisme qui n’épargne ni les enfants, ni les adultes », a-t-elle confié.
L’autre avantage du centre de soins humanitaire Aicha, c’est que c’est un centre de proximité, il y a beaucoup d’habitants tout autour. « Donc si le Ministère peut nous envoyer des agents de santé qui peuvent nous aider, ce serait intéressant. Nous demandons leur appui pour continuer ce travail noble que nous avons commencé pour le bien être de la population, le développement du pays. Cela fait partie des objectifs de développement durable », affirme Mme Amadou. En souhaitant qu’il y ait beaucoup de centres de ce genre dans d’autres quartiers, elle pense qu’avec la proximité, les gens n’auront pas à faire de longs déplacements pour aller chercher un centre de santé.
Le centre a juste deux ans, il est géré par un comité. Les consultations généralistes coûtent 1000 FCFA. Il y a aussi les examens qui sont faits dans le centre et qui sont à la portée des populations. « C’est avec ces fonds que nous arrivons à assurer le fonctionnement du centre. Dès qu’il y a un problème, nous référons à l’hôpital ou à la maternité selon le cas », affirme Mme Amadou.
Dans le quartier, les populations ont aimé la création du centre. « Et c’est pourquoi, nous demandons l’appui de l’Etat pour pouvoir offrir gratuitement aussi les médicaments aux cas sociaux. S’il nous appuie par rapport au personnel, nous pouvons revoir à la baisse les frais de consultation de 1000 FCFA. L’important est d’aider les populations surtout les cas sociaux », ajoute-t-elle.
Le resof qui est une organisation créée pour aider les populations est en train de mobiliser des bonnes volontés parmi les médecins qui sont disponibles pour venir donner de leur temps au niveau du centre une fois dans la semaine. Grâce à une telle initiative, le centre humanitaire Aicha dispose aujourd’hui de plusieurs médecins spécialistes pour le besoin de la population.
Fatouma Idé (ONEP)