Dans l’histoire du diabète, le 14 novembre 1921 est une date mémorable qui a révolutionné la prise en charge du traitement de cette maladie, avec la mise au point de l’insuline. Avant cette date, les diabétiques mourraient systématiquement tous, quel que soit le type de cas. L’espoir est né à partir de ce jour-là. Par la suite, les laboratoires de recherche ont découvert le sulfamide et l’hypoglycémie. L’institution de cette commémoration par les Nations Unies est une manière de montrer et de faire prendre en considération l’envergure de cette pathologie qui est une réelle pandémie à travers le monde entier. La prévalence du diabète augmente chaque année.
Il faut retenir d’abord qu’il y a deux (2) types de diabète. Le commun des mortels connait bien le « diabète sucré », mais il ya un autre : le « diabète insipide » qui est nettement moins fréquent. Le premier, le « diabète sucré », est dû au manque d’insuline ou alors une déficience qualitative d’insuline qui entraine l’organisme à utiliser incorrectement le sucre. « Or on sait que ce sucre constitue un carburant pour l’organisme. Ce défaut laisse le sucre en circulation en excès et cela aboutit à une élévation du taux de glycémie. Manifestement, la personne commence à éliminer du sucre par voie urinaire avec un « appel d’eau » ou polyurie (beaucoup d’urine). Et comme elle se vide de l’eau, la personne a du coup fréquemment soif. Elle boit beaucoup, souvent l’on se réveille même au milieu de la nuit pour boire de l’eau. Cela peut plus ou moins compenser, puisqu’on est déshydraté. Du même fait qu’il n’arrive pas à utiliser correctement le sucre, pour son fonctionnement, l’organisme se rabat sur la graisse qu’il dégrade progressivement jusqu’à faire maigrir la personne. Toute personne qui voit ces signes doit penser à doser sa glycémie et se faire dépister. Il y a de fortes probabilités qu’elle soit diabétique », prévient le médecin spécialiste Dr. Ali Ada.
D’un consensus universel, est diabétique « toute personne qui a une glycémie vérifiée à deux reprises supérieure ou égale à 1,26 g. Et le contrôle se fait 8 heures minimum après le dernier repas », a-t-il précisé. Par ailleurs, à tout moment de la journée, une personne qui a déjà le symptôme de la polyurie et qui présente un taux de glycémie supérieur ou égal à 2 g est diabétique. La glycémie normale est comprise entre 1 g et 1,10 g. Il y a donc ceux qui présentent un taux compris entre 1,10 g et inférieur à 1,26 g, l’on parle dans ce cas de l’hyperglycémie à jeun. « Pour savoir s’ils sont diabétiques ou pas, on leur fait le test de l’hyperglycémie provoquée par voie orale. On leur fait consommer 75 g de glucose en cinq (5) minutes et on prend leur glycémie chaque 30 mn. Si à la 120ème minute, la glycémie est supérieure ou égale à 2 g, on déduit que la personne est diabétique. Si à l’issue de ce test, la glycémie est entre 2 g et 1,40 g, dans ce cas, on parle d’intolérance aux hydrates de carbone. La personne n’est pas diabétique mais elle risque de le devenir.
Contrairement à ce que les gens ont tendance à croire, le diabète est plus une maladie acquise qu’héréditaire », souligne Dr Ali Ada. Selon le médecin, le diabète communément appelé type 2 ou diabète de la quarantaine constitue 85% des cas de diabète au monde. Et il est fortement lié aux facteurs environnementaux et alimentaires. Quant au type 1, appelé l’insulinodépendant, il ne se révèle déjà que quand la personne n’a plus d’insuline. « Systématiquement, dès la découverte du cas, on apporte de l’insuline, jusqu’à ce que la personne soit sous insuline », ajoute le médecin.
Un autre cas qui nécessite le recours à l’insuline est celui de la femme enceinte diabétique. L’enfant reçoit de sa mère l’excédent du sucre. Cette glycémie se transforme en graisse et l’enfant nait gros (4,5 voire 6 kg). Dans ce cas, l’administration des médicaments peut perturber la genèse du bébé, conduire à la malformation ou pire à l’avortement. « Cependant, l’insuline qui, elle, reste dans le sang de la mère, normalise la glycémie sans infecter l’enfant. La femme peut, toutefois, être remise aux comprimés après l’accouchement et entre les grossesses », souligne le médecin.
Le diabète gestationnel qui est découvert au cours de la grossesse requiert également l’injection d’insuline pour la normalisation de la glycémie de la mère.
« Par rapport au danger du diabète, il faut au fait être optimiste. Certes, les prises en charge disponibles ne guérissent pas définitivement le diabète, à le considérer donc comme une maladie qu’il faut gérer à vie mais, aujourd’hui, plusieurs études ont démontré que lorsqu’on est discipliné dans la régularité du traitement et dans les consignes d’exercices physiques, de régime alimentaire et d’hygiène bucco-dentaire ; l’expérience de vie n’est déficitaire que d’environ cinq (5) ans, c’est-à-dire que dans un pays où l’expérience de vie normale est de 70 ans, celle du diabétique est de 65 ans », indique Dr Ali Ada. Il ajoute que le diabète est loin d’être une fatalité, comme le pensent certains ; d’aucuns craignant à tort un quelconque effet toxique de la prise en charge. «Le challenge est tout simplement de veiller à la normalisation de sa glycémie. Son élévation endommage les petits vaisseaux. Ce qui affecte à petit feu les reins, les mains, les yeux. Quand elle va atteindre les gros vaisseaux, on parle de la macro-angiopathie. Et là, la vascularisation devient mauvaise et ce sont le cerveau, le cœur, les jambes qui seront touchés. C’est une des formes de complication dégénérative mais métabolique évitable qui sont à redouter. Si cela arrive, on ne peut que ralentir la dégénération mais sans l’empêcher», a soutenu le médecin.
Par ailleurs, une prise en charge traditionnelle est de plus en plus répandue. Pour Dr Ali Ada, il y a quand même quelques précisions à apporter. « Il y a, certes, beaucoup de plantes qui ont un effet hypoglycémiant ou normo-glycémique, c’est-à-dire que ça peut baisser la glycémie. La metformine, l’un des premiers médicaments les plus utilisés, est fait à base de plantes. Et c’est le cas de la plupart d’autres plantes. On extrait le principe actif, on reproduit la molécule et on produit en quantité industrielle. De par la pharmacopée traditionnelle, étant donné qu’il n’y a pas que les substances normo-glycémiques, d’une part, on peut retrouver dans une seule espèce une cinquantaine de substances. D’autre part, le dosage n’est pas évident. D’où la crainte d’effet hypoglycémique ou toxique avec l’utilisation de certaines plantes ».
A l’endroit des proches des personnes diabétiques, Dr Ali Ada les exhorte à ne pas décourager leurs parents avec des propos ou attitudes pessimistes. « Psychologiquement, même le stress déstabilise la glycémie. Il faut bien un langage d’encouragement. D’ailleurs, un diabétique avec une glycémie bien équilibrée a aussi une vie de qualité, il n’a besoin que de trois consultations annuelles», estime Dr. Ali Ada.
Par Zeïnabou Gaoh(onep) et Ismaël Mahamane Chékaré