La cataracte est une maladie qui affecte malheureusement beaucoup de personnes au Niger. Elle se caractérise par une baisse de la vision due à l’opacification du cristallin. En 2022 près de 1.853 malades de cataracte ont été dépistés au Centre Hospitalier de Tillabéri, dont les 1.286 cas ont été opérés.
Selon Dr. Moussa Baragé Yacouba, ophtalmologue au CHR de Tillabéri et coordonnateur régional santé oculaire à la DRSP, la cataracte est une maladie de l’âge. «Dès qu’on prend de l’âge on commence à développer sa cataracte. Lorsqu’on est jeune, notre cristallin est transparent, mais avec l’âge il devient opalisant. En réalité la première cause de la cataracte c’est vraiment l’âge. Il y a d’autres causes telles que les traumatismes, certaines maladies notamment le diabète. On peut même trouver cette maladie chez des jeunes, mais là, ce sont des cas particuliers. C’est pourquoi à chaque fois qu’il y a une campagne de chirurgie vous allez voir la plupart des patients sont des personnes âgées», explique l’ophtalmologue.
Lors des différentes campagnes de chirurgie de la cataracte, on constate une importante affluence des personnes qui souffrent de la cataracte au niveau des centres de santé ou des camps de chirurgie. «Le seul traitement qui se fait jusqu’aujourd’hui pour cette maladie, c’est la chirurgie qui permet d’opérer et de traiter la cataracte. Il y a aucun autre moyen de traiter la cataracte en dehors de la chirurgie. C’est pourquoi les patients ne ratent pas les campagnes de chirurgie gratuite», précise Dr. Moussa Baragé Yacouba avant d’inviter les donateurs et les partenaires du Ministère en charge de la Santé publique de perpétuer et de multiplier les camps et campagnes de chirurgie gratuite dans la région de Tillabéri afin de donner la vue à des milliers de personnes. «Redonner la vue est l’une des meilleures actions humanitaires que l’on puisse offrir à un être humain», estime-t-il.
Pour lutter efficacement contre les maladies oculaires, le Niger s’est doté d’un programme national de santé oculaire. Ce programme dispose d’un mécanisme de prise en charge gratuite des patients. «Concernant la cataracte, nous avons deux mécanismes de prise en charge. Le premier mécanisme, c’est la démarche classique que vous connaissez. Un patient qui souffre de la cataracte se présente à l’hôpital, il se fait dépister, il paye ensuite les produits de l’opération. Le deuxième mécanisme, c’est celui qui est coordonné par le programme national qui gère tout ce qui est santé publique, la santé de la population de façon générale» ajoute le Medecin. Grâce aux partenaires qui appuient le Ministère en charge de la Santé Publique, le Programme organise parfois des camps de chirurgie. Ces camps qui consistent à opérer gratuitement les malades se font sur l’ensemble du territoire national. En 2022, le Programme national de la Santé Oculaire a organisé des camps dans l’essentiel des districts sanitaires de la région de Tillabéri.
Des camps de chirurgie pour sauver et soulager les populations
Pour accompagner l’Etat du Niger dans le domaine de la santé oculaire, plusieurs partenaires au développement organisent régulièrement des camps de chirurgie. Généralement ces camps offrent des soins gratuits afin de soulager les populations. En effet, la dernière campagne de chirurgie gratuite de la cataracte au Centre Hospitalier de Tillabéri date du 30 janvier au 4 février 2023. Au cours de cette campagne, organisée par une ONG internationale, près de 400 malades ont été entièrement prises en charge, notamment les frais de consultation, d’intervention chirurgicale, et le suivi post-opération.
M. Doudou Sabo, technicien en ophtalmologie à Tillabéri, conseille aux plus âgés ou en cas de baisse de la vision de se faire consulter le plus rapidement possible afin de permettre aux professionnels de mieux poser le diagnostic. Selon lui, il y a des cataractes qu’il faut prendre en charge même pas pour redonner la vue mais pour soulager le patient de la douleur. «On a opéré des gens même pas pour leur donner la vue mais plutôt pour les soulager de la douleur. Il y a beaucoup de paramètres qui doivent être élucidés au patient avant même l’intervention. Après l’acte chirurgical, il y a ceux qui vont voir très bien et d’autres c’est vraiment une vision étriquée. Et nous faisons plusieurs évaluations pour satisfaire les patients», a notifié le technicien.
L’éducation pour la santé est très importante pour toutes les maladies. L’éducation des patients est une règle pour les acteurs au CHR de Tillabéri. «On en a fait dans le cadre du suivi des malades. Il faudrait que les malades respectent les consignes. C’est capital. Plus ils respectent les consignent, plus les résultats opératoires seront extraordinaires. Vous allez trouver des aveugles qui vont voir très bien. L’acte peut être très bien fait mais si les consignes n’ont pas été respectées, on aura toujours des difficultés», a dit le technicien.
Les patients programmés lors des différentes campagnes de chirurgie gratuite de la cataracte sont essentiellement composés des personnes âgées et défavorisées de la société. La plupart d’entre eux viennent des zones reculées ou l’accès à des soins spécialisés comme une chirurgie de la cataracte reste problématique. M. Hassane Abdoul-Kadri âgé de 59 est venu de la commune d’Ayarou. Il a mis pieds à l’hôpital complètement aveugle. «Quand je suis arrivé ici je ne voyais rien. Mais aujourd’hui je suis tout à fait guéri. Nous remercions l’Etat du Niger et ses partenaires qui organisent les campagnes de chirurgie gratuite. Aujourd’hui, il n’y a pas quelque chose de plus important que la vue», témoigne M. Hassane Abdoul-Kadri.
Mme Safi Annaou est habitante du village de Gorou Sorra. Elle est âgée d’une quarantaine d’années. Cette ménagère et mère de 5 enfants a développé une cataracte très douloureuse. «Je suis venue à Tillabéri pour des raisons de soin. Ça fait plusieurs mois que j’ai des problèmes de vue. Au début j’ai constaté que ma vision est en train de diminuer. J’achète des produits pour prendre mais aucun résultat. Ma vision s’est dégradée jusqu’à un moment où je ne vois plus rien. C’est ainsi que mes enfants m’ont amené à Tillabéri. J’ai eu l’opération avant-hier et aujourd’hui je vois bien, Dieu Merci. Comme nous venons de très loin on va rester ici pour suivre le traitement», confie-t-elle.
Agé de seulement 27 ans, Moussa Youssoufou a précocement développé la cataracte. Une maladie qu’il traine depuis plusieurs mois. A cause de l’évolution de sa maladie, ses parents l’ont conduit à l’hôpital de Tillabéri. «Ça fait longtemps que je ne vois pas bien, mais c’est surtout ces derniers mois que ma vision a complétement baissé. Vraiment après l’opération, je vois très bien. Et la douleur qui m’empêchait de dormir s’est complètement arrêtée», confie ce jeune patient avant de suggérer à l’Etat de prendre en charge les soins de cette maladie pour permettre aux populations de se faire opérer même quand les partenaires et les ONG ne sont pas disposés à organiser des camps de chirurgie gratuite.
Abdoul-Aziz Ibrahim, ONEP Tillabéri