
Des tricycles garés sous l’échangeur Diori Hamani
A Niamey, le transport des personnes par les tricycles est devenu un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur et inquiète plus d’une personne dans la circulation routière. Quoiqu’ils facilitent la mobilité urbaine des habitants des zones périphériques vers le centre-ville et vis-versa, ce phénomène remet à l’ordre du jour la problématique du transport urbain à Niamey. Ces motos à trois roues, qui sont destinées au transport de marchandises, changent progressivement de vocation pour s’intéresser au transport des passagers, en dépit de l’interdiction formelle de la municipalité.

Et pour cause, les véhicules chargés d’assurer le transport urbain dans la capitale sont insuffisants pour desservir les zones périphériques au regard de l’urbanisation accélérée et incontrôlée de la ville. Cela a pour corollaire l’irruption des tricycles dans le domaine, alors même qu’ils n’ont nullement la vocation. La popularité de ces engins s’explique par le coût abordable du trajet et leur capacité de circuler dans les rues étroites de la ville et de ses périphéries, faisant gagner ainsi un temps précieux aux passagers. Cependant, cet usage détourné des tricycles pour transporter des passagers soulève des préoccupations majeures en matière de sécurité routière.
De nombreux conducteurs sont jeunes et inexpérimentés. Pire, ils ignorent le B.A.BA de la conduite en milieu urbain. Cela fait qu’ils conduisent avec imprudence et ne respectent aucune règle, ne serait-ce qu’élémentaire, de la circulation routière. Ce qui entraine incontestablement des accidents fréquents. Malgré les interdictions officielles, ces tricycles continuent d’opérer, engendrant ainsi un manque à gagner aux taxis et mini-bus chargés d’assurer le transport urbain.
A la fermeture du marché de Katako, ces tricycles sont utilisés comme des moyens de transport des personnes et des marchandises à seulement 100 FCFA la course. Cette activité offre l’opportunité à de nombreux jeunes à Niamey, des fois sans qualification, de s’auto-employer et d’en tirer des revenus. C’est ainsi que ces dernières années, plusieurs d’entre eux se sont lancés dans l’activité de transport urbain avec des tricycles.
Un palliatif au chômage des jeunes
Quoiqu’étant une activité informelle, le transport des tricycles est un métier qui permet à beaucoup de jeunes de subvenir à leurs besoins. Il occupe aujourd’hui une place importante dans le transport des personnes et de leurs biens dans la ville de Niamey. Si certains conducteurs sont propriétaires des motos qu’ils conduisent, d’autres sont employés par les propriétaires moyennant un versement journalier de 5.000 FCFA’’.

M. Ibrahim Hassan figure parmi les conducteurs qui, chaque matin, transportent des passagers qui vont de « Tanko Pompo », en périphérie de la ville de Niamey, au marché Katako à raison de 100 FCFA . « Je passe la journée à transporter des marchandises et même des personnes du marché vers les autres quartiers, selon la destination du client », dit-il avant d’ajouter que les tricyclistes travaillent sans aucun document de la mairie, encore moins du syndicat, ce qui prouve qu’ils ne sont pas en règle vis-à-vis de la Municipalité.
Toujours au marché Katako, à deux pas du tricycle de M. Ibrahim, est garé celui de Moussa Issa, un jeune garagiste qui a abandonné le garage par manque de client pour désormais s’intéresser à l’activité des tricycles. Avec ce nouveau job, il arrive à subvenir à ses besoins car, dit-il, « je gagne parfois jusqu’à 50.000 FCFA par jour. C’est un proche qui m’a proposé cette activité de transport par tricycle moyennant un versement journalier de 5.000 FCFA. Depuis 4 ans, je travaille avec acharnement. Nous portons les bagages des personnes qui déménagent ou achètent des matériels de construction ou d’autres articles qui ne peuvent pas être transportés par les taxis », confie le jeune conducteur.
Quant à Abderrahmane, il indique qu’il travaille avec son patron qui produit de l’eau fraiche appelée « pure water » ; et lui se charge de la vente et de la distribution dans la ville à l’aide de son tricycle. « Je suis très limité dans mon déplacement parce que je n’ai pas de permis de conduire », déplore le jeune conducteur.
D’après les informations recueillies auprès de M. Illa, un client de ces tricycles, la prolifération de ce moyen de transport facilite le déplacement des bagages à moindre frais. « Ces jeunes sont plus compréhensifs que les taximen, bien qu’il faille reconnaître l’excès de vitesse dans leur conduite ; ce qui est lié à leur âge », ajoute-t-il.
Pour un autre usager des tricycles, le principal problème rencontré, en dehors de la non-reconnaissance de la profession par les autorités, c’est le manque de structure formelle pour organiser l’activité de transport avec les motos tricycles afin de pallier toutes sortes de désagrément.
Si certains usagers apprécient positivement l’avènement du métier en ce sens qu’il leur facilite le déplacement et le transport de leurs bagages à moindre coût, face aux taxis qu’ils trouvent plus chers, d’autres, par contre, reprochent à ces conducteurs d’être à la base d’innombrables accidents routiers en raison de leur imprudence. Les autorités municipales se doivent de se pencher sur la question pour mettre de l’ordre dans l’utilisation des tricycles comme moyen de transport dans nos agglomérations.
Adamou I. Nazirou(Stagiaire)