L’histoire nationale d’un pays est la toute première chose qu’un citoyen véritable devrait connaitre au préalable. La connaissance de l’histoire de son pays par un citoyen est d’autant plus que nécessaire pour un ensemble de raisons. La première des raisons, c’est que la connaissance de l’histoire de son pays aiguise le sentiment patriotique. La deuxième des raisons, c’est que la connaissance de l’histoire est quelque chose qui a un caractère pédagogique. La troisième des raisons, c’est que la connaissance de l’histoire de son pays est quelque chose qui renforce la culture générale.
La connaissance de l’histoire nationale comme « un levain » suscitant le sentiment patriotique
Lorsque le citoyen sait que l’histoire de son pays foisonne de faits historiques, glorieux-œuvres mémorables de ses devanciers-, cela suscite en lui l’amour inaltérable de son pays. C’est cela que l’on appelle communément : patriotisme. Et tant que, ce n’est pas cet amour véritable pour son pays que ce citoyen a incontestablement, il ne ferait que se servir de son pays, plutôt que de servir son pays. Et dès que le pays est en difficulté conjoncturelle, il a tôt fait de fuir au lieu de rester pour participer à la lutte du peuple souverain et héroïque. Le coup d’Etat militaire et historique du 26 juillet 2023, nous a suffisamment édifiés par rapport à l’attitude des faux patriotes qui n’œuvraient que pour leurs propres intérêts, plutôt que pour les intérêts du peuple glorieux et éternel du Niger.
A titre exemplatif, lorsque à l’école primaire les maitres d’école – les premiers historiens – nous ont appris que le Niger, avant la colonisation française, avait participé à la « construction » des empires comme celui du Kanem-Bornou, du Songhay, de l’Empire Sokoto, les sultanats de l’Aïr et du Damagaram, quel ne fût le Nigérien authentique qui n’était pas rempli d’orgueil ; quel ne fût le Nigérien patriote véritable, dont l’adrénaline patriotique n’avait pas montée. En tout cas, tant que ces faits historiques et mémorables étaient évoqués artistement par les maitres d’école chevronnés, par conséquent imbus de leur sacerdoce éducatif, un sentiment patriotique indicible nous submergeait ; une joie immense inondait nos cœurs, pour avoir su que nos ancêtres n’avaient pas vécu inutilement, parce qu’ayant eu une histoire glorieuse.
Toujours à titre d’exemple, lorsque le Général Seyni Kountché était allé le 20 juillet 1985 à Addis Abeba au Sommet de l’organisation continentale africaine, pour obtenir à l’arrachée le poste prestigieux de Secrétaire Général de l’OUA, quel ne fût le Nigérien de souche qui n’avait pas « vibré » de fierté légitime. En tout cas en cette année-là et des années après les Nigériens de souche furent fiers d’appartenir à un pays comme le Niger, dont le leadership incontestable de son Chef Suprême du moment était avéré.
La connaissance de l’histoire nationale comme un vecteur pédagogique
L’une des fonctions principales de l’histoire c’est de former les êtres humains. L’histoire est donc d’essence pédagogique. Aucun individu n’était parti de rien pour inventer quelque chose. On avait eu toujours une source d’inspiration ; on s’était toujours inspiré de quelqu’un ; de quelque chose. Et c’est tant mieux, parce qu’en s’inspirant de quelqu’un ou de quelque chose, on arrive à mieux bâtir, à mieux construire. Ce n’est pas sans raison que Hébrart a dit avec justesse ceci de très fondé : « Si tu veux tracer tout droit ton sillon, attache ta charrue à une étoile ».
Les grands hommes de l’histoire qui avaient fait l’histoire positive s’étaient inspirés de leurs devanciers qui avaient eu à faire quelque chose de grand, quelque chose de noble, quelque chose de mémorable. S’il y avait eu des grands hommes de l’histoire comme les premiers leaders politique nigériens, de la période coloniale, c’était parce qu’ils avaient puisé dans l’histoire glorieuse de leurs ancêtres pour se faire valoir et lutter pour libérer notre pays de la première servitude coloniale.
S’il y avait eu des grands hommes de l’histoire comme Ahmed Sékou Touré, Houari Boumediène, Patrice Lumumba, Nelson Mandela, Martin Luther King, Kwamé N’Krumah, Houphouët Boigny, Diori Hamani, Modibo Keita, Thomas Sankara, Mathieu Kérékou, Seyni Kountché, Léopold Sédar Senghor, Yacoubou Gowon, Gamal Abdel Nasser, Mouammar Kadhafi, le Général Charles de Gaulle, Winston Churchill, Staline, Roosevelt, Ho Chi Minh, Mao Tsé toung, pour ne citer que ces quelques grands hommes de l’histoire mondiale contemporaine, c’était parce que ceux-ci avaient tenu compte de ce que leurs devanciers avaient fait auparavant pour leurs pays pour contribuer à leur gloire.
En 1871, lorsque la Prusse (l’Allemagne actuelle) avait vaincu la France au cours d’une guerre que les deux pays eurent à se livrer, l’homme politique français, comme pour se dédouaner de la défaite cinglante subie, avait eu à dire que c’était l’Instituteur Prussien qui avait gagné l’Instituteur Français, parce qu’à ses yeux, l’Instituteur Français avait mal enseigné l’histoire des héros Français, ce qui expliquait en partie la défaite mémorable connue par la France. Dès lors l’enseignement de l’histoire des héros français devint pour le Ministère de l’Instruction Publique et des arts, la priorité des priorités.
Au Niger glorieux et éternel, jusqu’à cette année 2023, la gouvernance féconde du Général Seyni Kountché reste et demeure pour les Nigériens, la meilleure des références. Et les citoyens nigériens conscients et patriotes, ont tôt fait de dire, si c’était au temps de l’Homme du 15 avril 1974 (autre nom du Général Seyni Kountché), cela ne se serait pas fait. Ou bien cela aurait été fait autrement, c’est-à-dire de la meilleure des manières. A telle enseigne que certains individus mal intentionnés trouvent cette référence permanente, comme une sorte de nostalgie quelque peu agaçante. Mais laquelle à nos yeux se justifie amplement. Tant il est vrai que le Père Hic, un homme de culture Chinois a vu juste en ayant eu les propos suivants : « Le souvenir des temps glorieux de Tamerlan nous poursuit sans cesse. Où est-il le Chef qui va se rendre à notre tête et nous rendre guerriers ? ». D’ailleurs, nombreux sont les citoyens nigériens qui eussent voulu voir les hommes politiques nigériens de l’après Conférence Nationale complaisamment dite Souveraine, s’inspirer du Général Seyni Kountché, faire valoir les actes positifs qu’il avait fait valoir pour favoriser le développement national tous azimuts. Malheureusement pour des parvenus de fraiche date dont ce n’était la priorité, cela ne fut pas fait, et le Niger avait eu à en pâtir de 2011 à 2023.
La connaissance de l’histoire nationale renforce la culture générale
L’histoire nationale contribue au renforcement de la culture générale. Et d’ailleurs tout homme politique qui a la volonté manifeste de s’affirmer comme un véritable leader politique doit connaitre amplement l’histoire nationale de son pays. Dans le concert des nations, lors des réunions internationales, il est bon qu’un dirigeant politique d’un pays digne de ce nom, fasse valoir des faits historiques qui sont propres à son pays, afin de renforcer la position géopolitique de son pays. Ce faisant, il fait montre d’une vaste culture, mais favorise le respect et la considération de son pays. En clair, l’homme politique qui a le souci évident de faire quelque chose de positif pour son pays et d’entrer dans l’histoire par la grande porte doit connaitre amplement l’histoire nationale, mais doit s’en inspirer fortement pour réussir son sacerdoce politique.
Pour tout ce qui vient d’être développé antérieurement, pour expliquer l’importance de l’histoire nationale, il est impérativement nécessaire de connaitre ladite histoire nationale. Mais avant que cette histoire nationale ne fût connue amplement, il urge de la « revisiter » ; c’est-à-dire qu’il est absolument nécessaire de la réécrire pour la restituer dans toute sa limpidité historique et dans toute sa vérité scientifique.
Pour que l’histoire nationale fût « revisitée », il va falloir reprendre les programmes de l’enseignement de l’histoire de l’Ecole Primaire à l’Université en passant par le Collège et le Lycée. De nouveaux curricula pour l’enseignement de l’histoire, mais surtout pour l’enseignement de l’histoire nationale devraient être conçus absolument. Cela est le devoir impérieux des techniciens du Ministère de l’Education Nationale qui devraient déjà songer à cela, d’autant plus que cela est d’une importance capitale incontestable.
Les Intellectuels nigériens devraient se mettre à table pour réécrire l’histoire nationale de leur pays afin de la « décaper » de toute contrevérité flagrante et de tout mensonge historique concocté à dessein. L’histoire ne devrait pas être faite par les seuls historiens attitrés. Tout homme de culture qui avait eu à faire des recherches concernant son terroir, tout vieillard qui disposerait de la moindre connaissance historique devrait la transmettre, avant qu’il ne soit trop tard. Tant il est vrai qu’Amadou Hampaté Bâ a eu raison de dire : « En Afrique, chaque fois qu’un vieillard traditionnaliste meurt, c’est une bibliothèque inexploitée qui brûle ».
Cela va sans dire, depuis plusieurs décennies des travaux de Thèses d’Etat, des travaux de Mémoires en histoire, ont mis en exergue, un certain nombre de connaissances historiques importantes. Toutefois cela reste dans le cadre du domaine universitaire. Lesdites Thèses d’Etat, lesdits Mémoires, ne sont pas publiés à grande échelle afin que le citoyen lambda pût prendre connaissance. Il serait donc judicieux que les importants travaux universitaires en histoire qui ont été conçus, puissent faire l’objet de publication à grande échelle en vue d’une large diffusion.
De nombreux pans de l’histoire nationale du Niger restent encore inconnus des Nigériens. Depuis un certain temps, de notre propre chef, nous avions entamé la rédaction d’un certain nombre d’ouvrages d’histoire. Ainsi nous avions écrit et publié l’histoire de Gabelinga Hama Kassa : le héros Songhay, l’histoire d’Ahamadou/Ahamadou : dernier Roi Peul Barri du Macina (1852-1862), l’histoire de Mahamadou II de Birni N’Konni, l’histoire des Arawas ou Mawris du Niger du 14ème siècle au 19ème siècle, l’histoire d’un Peuple Malinké : les Zarmas/Zarmalés du Niger du 13ème siècle au 19ème siècle, l’histoire de l’histoire de l’école nigérienne de 1898 à nos jours, la Formation Initiale dans les Ecoles d’Instituteurs du Niger de 1945 à nos jours : Historique et Perspectives, Rétrospective sur l’exercice de pouvoir par le PPN/RDA : Bilan de seize années de gestion d’un Etat (1958-1974), le Général Seyni Kountché et sa légende : l’Avènement au pouvoir d’un Homme d’Etat Exceptionnel (1974-1987), l’histoire de la Parenté à Plaisanterie…
Nous envisageons d’écrire, si Dieu le veut, l’histoire de Lanta Gondi de N’Dounga, l’histoire d’Oumarou de Karma Sonwèye, l’histoire d’Amadou Dan Bassa du Damagaram, l’histoire de Mohamed Kaoussan Wan Tagguida, l’histoire de Firhoun Ag El Insar, l’histoire des Reines du Niger de la période précoloniale, l’histoire des grands hommes de l’histoire contemporaine du Niger… Depuis plus de quinze ans, en collaborant à l’émission historique et radiophonique : Mémoire du Niger de la Voix du Sahel, nous n’avons eu de cesse de faire un plaidoyer pour la revalorisation de l’histoire nationale. Mais notre cri de cœur resta un cri de cœur. Nous eûmes alors l’impression d’avoir prêché en plein désert. Les récents événements historiques et mémorables que notre pays connait depuis le 26 juillet 2023, nous a convaincus de la nécessité de « revisiter » l’histoire nationale et de la faire connaitre amplement des nigériens, afin que le patriotisme ardent valorisé dans notre pays se raffermisse davantage et admirablement. Ainsi il nous est loisible de conclure avec Ernest Renan qui a si bien dit et nous citons si bien : « Pour obtenir des hommes, le simple devoir, il faut leur montrer l’exemple de ceux qui les dépassent ; la morale se maintient par les héros ». Fin de citation.
Par Elhadj Moumouni Mahamane Sani,
Inspecteur de l’Enseignement du Premier Degré à la retraite à Niamey. Cellulaire : 96. 88. 25.38.