C’est un homme connaissant bien la maison UNESCO et le terrain qui prend la tête du Centre du patrimoine mondial. Le camerounais Lazare Eloundou Assomo qui devient ainsi le premier africain Directeur du Centre du patrimoine mondial a été nommé à ce poste le 6 décembre par la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Audrey Azoulay. Sa promotion vient à la veille des 50 ans de la Convention du patrimoine mondial.
L’arrivée de M. Lazare Eloundou Assomo à la tête du Centre du patrimoine mondial n’est pas simplement une promotion interne. La candidature de ce camerounais âgé de 53 ans, Diplômé en architecture en urbanisme a été retenue par la directrice générale à l’issue d’un appel à candidatures (interne et externe) pour remplacer la précédente directrice, Mme Mechtild Rössler qui a pris sa retraite le 30 septembre 2021. Avec 26 ans d’expérience professionnelle dont 21 ans dans le domaine du patrimoine mondial, Lazare Eloundou Assomo est bien à sa place. Il prendra ses fonctions début janvier 2022 en tant que Directeur du Centre du Patrimoine mondial, créé en 1992 et qui coordonne au sein de l’UNESCO toutes les actions relatives au patrimoine mondial.
Rompu aux plaidoyers pour la protection du patrimoine auprès des gouvernements, M. Lazare Eloundou Assomo va diriger ce centre qui a en charge l’organisation des sessions annuelles du Comité du patrimoine mondial et de son Bureau, ou encore la mission de conseiller les Etats parties pour la préparation de leurs propositions d’inscription. C’est aussi ce Centre qui coordonne le processus de production des rapports sur l’état des sites et les actions urgentes à mener en cas de menace. Il organise également sur demande, l’assistance internationale du Fonds du patrimoine mondial et est en charge de l’information du public de la sensibilisation des jeunes à la protection du patrimoine.
Un parcours bien marqué
C’est à l’âge de 17 ans que Lazare Eloundou Assomo a quitté le Cameron pour la France afin de suivre des études d’architecte et d’urbaniste. Il a commencé sa carrière en tant que chercheur associé au Centre international de la construction en terre de l’école d’Architecture de Grenoble en 1996. Le jeune architecte est ainsi chargé de mettre en œuvre des projets d’habitat en Afrique, puis de la coordination pédagogique du programme de conservation Africa 2009 mis en place par le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO et l’ICCROM. L’Afrique du Sud où il travailla à la réalisation des logements sociaux dans les townships est un de ses premiers et plus mémorables terrains car le président Neslon Mandela a remarqué et salué l’œuvre du jeune architecte.
Depuis son entrée à l’UNESCO en 2003 au sein de l’Unité Afrique du Centre du Patrimoine mondial, Lazare Eloundou Assomo imprime sans cesse ses marques dans sa carrière au service du patrimoine et de la diversité culturelle. Il a contribué à la création du Fonds pour le patrimoine mondial africain et au développement du Programme du patrimoine mondial pour l’architecture de terre (WHEAP).
De 2008 à 2013, il est Chef de l’Unité Afrique du Centre du Patrimoine mondial. Il coordonne pendant cette période plusieurs projets de restauration au Mozambique (forteresse du site du patrimoine mondial d’Ilha), en Ouganda et au Mali, ainsi que des initiatives de développement des capacités dans cette région. On lui doit l’ouvrage Patrimoine mondial africain : une diversité remarquable, co-écrit avec Ishanlosen Odiaua et publié en 2012 par l’UNESCO.
En 2013, il rejoint le bureau de l’UNESCO à Bamako, et en prend la direction en 2014. Il devient alors le chef de file de l’UNESCO au Mali. Tandis que le pays est frappé par un violent conflit armé, Lazare Eloundou Assomo est en charge de la protection du patrimoine culturel malien, conduit avec succès la reconstruction des mausolées de Tombouctou et la sauvegarde des manuscrits anciens.
Au siège de l’UNESCO à Paris qu’il a intégré en 2016, Lazare Eloundou Assomo a d’abord été Directeur adjoint de la Division du patrimoine et du Centre du patrimoine mondial. En 2018, il devient Directeur «Culture et situations d’urgence» et coordonne à ce titre les réponses aux urgences du patrimoine affecté par les conflits et les désastres et la restitution des biens culturels au titre de la Convention de 1970. A propos de la Convention du patrimoine mondial de l’Unesco adoptée en 1972, le nouveau directeur déclare : «Les 50 ans de la Convention du patrimoine mondial, qui seront célébrés en novembre 2022, seront l’occasion d’une grande rétrospective mais aussi d’une réflexion collective sur les meilleures façons de faire prospérer notre démarche pour les cinquante ans à venir. Nous avons notamment deux défis à relever : d’une part rendre la liste du patrimoine mondial toujours plus représentative de la diversité culturelle et géographique mondiale ; d’autre part renforcer la protection des sites inscrits face aux nouveaux défis de notre siècle, liés au développement, aux conflits et au dérèglement climatique.»
Souley Moutari(onep)Source : UNESCO