Le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM. Mohamed Bazoum, a participé hier par visioconférence à un dialogue de haut niveau sur le thème : « Nourrir l’Afrique : promouvoir les innovations réussies ». Il s’agit pour les Chefs d’Etat et de Gouvernement africains, les partenaires techniques et financiers et les opérateurs économiques d’identifier à travers ce dialogue virtuel de haut niveau les moyens d’étendre les activités, d’accroitre le financement et de renforcer les partenariats afin de mieux exploiter la technologie et l’innovation pour transformer l’agriculture en Afrique. Dans son intervention, le Président de la République du Niger a appelé tous les acteurs à redoubler d’efforts pour que les prévalences des différentes formes de malnutrition soient significativement réduites, en particulier en agissant de manière plus volontariste sur la réduction de la croissance démographique et sur l’éducation des jeunes filles, domaines sur lesquels SEM Mohamed Bazoum s’est particulièrement engagé (lire l’intégralité du discours).
« Monsieur le Président Felix Tshisekedi, Président de l’Union Africaine, Président de la République Démocratique du Congo ;
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et Chefs de Gouvernement,
Monsieur le Président de la BAD,
Monsieur le Président du FIDA,
Honorable Tony Blair,
ALHADJI ALIKO DAN GOTE,
Mesdames et Messieurs,
C’est un honneur pour moi de m’adresser à vous à l’occasion de cette séance de Dialogue de Haut-Niveau organisée conjointement par la BAD et le FIDA sur le thème : « Nourrir l’Afrique : un leadership pour intensifier les innovations réussies ».
Depuis 2011, le Niger, sous le leadership de SEM Mahamadou Issoufou, a mis la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le développement agricole durable au cœur des priorités de son action, avec pour objectif de lutter durablement contre la faim et la malnutrition et de remettre le secteur agricole au cœur du développement économique du pays.
A cette fin la stratégie de l’I3N « les Nigériens nourrissent les Nigériens » a été élaborée et elle constitue depuis lors, la politique publique et le cadre de référence pour les investissements dans ce secteur. Elle a pris en compte les engagements régionaux (CEDEAO, UEMOA, CILSS) et continental africain en matière de politique agricole, notamment le CADDP et les Engagements de Maputo et de Malabo. Cette politique reprend l’objectif du développement durable (ODD2 Faim Zero) « Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable ».
Grâce à la mise en œuvre de la stratégie de l’I3N ces 10 dernières années, le Niger n’a pas connu de crise alimentaire et nutritionnelle majeure et le pays a connu des progrès dans ces nombreux domaines.
Globalement ce sont plus de 2 500 milliards FCFA qui ont été investis en 10 ans dans l’Initiative 3N avec pour domaines d’intervention prioritaires : la mobilisation de l’eau pour rendre l’agriculture nigérienne moins dépendante des aléas climatiques, la restauration des terres et la gestion durable de l’environnement pour contrer les effets du changement climatique, les plateformes de services intégrés de proximité pour les producteurs, la réduction des vulnérabilités structurelle et conjoncturelle des populations, la promotion des techniques et technologies adaptées aux changements climatiques et l’exploitation des opportunités du développement des TICs pour transformer l’agriculture.
Mesdames et Messieurs,
Les nombreuses initiatives suscitées par la mise en œuvre de l’I3N contribuent concrètement à la modernisation du secteur en testant des approches et des services innovants. Je peux citer par exemple :
– Le recours au numérique dans le domaine agricole : dans ce cadre diverses expériences probantes ont été mises en place tel que le « e-conseil agricole ». La digitalisation permet de toucher rapidement de nombreux acteurs pour diffuser des informations ciblées, en prenant acte du fait que de nombreux producteurs ont accès à un smartphone et aux réseaux sociaux.
– Sur le terrain, à travers la généralisation des plateformes de services intégrés aux petits producteurs, nous visons à mettre à la disposition des producteurs et promoteurs ruraux des infrastructures et des dispositifs permettant d’accéder à l’énergie, aux ateliers de réparation, aux institutions de microfinances, à l’information, et à différents types de services de façon à constituer progressivement de véritable pôle d’activités en zones rurale.
Ce sont là certains exemples prometteurs qui démontrent que nous devons maintenir l’ambition de moderniser nos pratiques et de transformer non seulement l’agriculture mais au-delà même les systèmes alimentaires pour s’adapter aux enjeux d’avenir. Ainsi notre intention est de continuer sur cette lancée, de mettre à l’échelle les innovations qui ont fait leur preuve et d’accélérer la mise en relation des acteurs pouvant contribuer à générer davantage d’innovations.
Plus largement, nous nous sommes engagés à maintenir un leadership fort et des efforts conséquents, avec le soutien de nos partenaires, dans le domaine de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et du développement agricole durable. Je prévois de porter à 15% du budget national le financement de ce secteur, soit au-delà de l’engagement de Maputo.
Mesdames et Messieurs,
Nous ne pouvons pas nier qu’il reste du chemin à parcourir et que de nouveaux défis s’élèvent sur notre route. Pour les 5 prochaines années de mon mandat, dans le cadre de mon programme Renaissance III, nous devons travailler pour des chaînes de valeur plus compétitives qui sauront saisir les opportunités que nous offrent la nouvelle ZlECAF, en développant l’agro-industrie et l’agroalimentaire.
Nous devons promouvoir l’émergence d’un secteur privé qui soit pourvoyeur d’emplois pour les jeunes et créateur de richesses et contribuant à l’autonomisation des femmes en milieu rural, non seulement dans le domaine de la production, mais également de la transformation, et de la promotion des produits locaux.
Nous devons redoubler d’efforts pour que les prévalences des différentes formes de malnutrition soient significativement réduites, en particulier en agissant de manière plus volontariste sur la réduction de la croissance démographique et sur l’éducation des jeunes filles, domaines sur lesquels je me suis tout particulièrement engagé.
Enfin, nous devons également prendre en compte les nouveaux facteurs de vulnérabilité qui nous assaillent et le défi que représente l’instabilité dans certaines zones de notre pays du fait de la situation sécuritaire dans les pays voisins. Nous devons maintenir à tout prix les investissements structurants, la présence de l’Etat et les activités productives et économiques sur l’ensemble du territoire national afin qu’aucun nigérien ne se sentent marginalisé ou exclu.
La cause de la lutte contre la faim et la malnutrition nécessite la concrétisation des engagements globaux, dont l’accord de Paris sur le Climat pour la mobilisation de 100 milliards de dollars par an, c’est pourquoi j’en appelle à un sursaut des organisations internationales, continentales et régionales, des agences de financements, des pays riches et des pays en développement autour de l’objectif de l’ODD2 FAIM ZERO, qui est à notre portée si nous conjuguons nos efforts et renforçons la solidarité.
Les besoins du Niger pour entreprendre des productions agricoles de substitution aux importations de 800.000 Tonnes de céréales s’élèvent à 302 millions d’Unités de compte. Permettez-moi de terminer en vous remerciant une nouvelle fois de m’avoir offert l’opportunité de m’exprimer sur ces sujets cruciaux pour le développement économique et social de mon pays. En poursuivant nos efforts conjoints, nous bâtirons ensemble des systèmes alimentaires durables et résilients pour éliminer la faim et la malnutrition.
Je vous remercie. ».