Une mission du Ministère en charge de la Santé Publique a séjourné du 26 au 28 septembre 2022 dans la région d’Agadez. Conduite par le ministre de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales, Dr Illiassou Idi Maïnassara accompagné de la Représentante de l’OMS au Niger, cette mission de travail a pour but de superviser les différentes activités de soins qui se font dans cette région mais aussi et surtout d’apprécier la mise en œuvre du Plan de Développement Sanitaire (PDS document de référence en matière de politique sanitaire au Niger), un déclinaison du Programme de la renaissance acte III dans son volet sanitaire. La mission vise également à analyser les différents indicateurs clés de la région et vérifier la mise en œuvre des différentes recommandations, directives et protocoles pour améliorer le système de santé.
Ainsi la première partie de cette mission s’est déroulée en septembre dans la commune d’Agadez et une partie de la délégation ministérielle conduite par le Secrétaire général dudit ministère, M. Ibrahim Souley a continué la mission pour visiter les formations sanitaires d’Arlit et Assamaka.
Le ministre Illiassou Idi Maïnassara, s’est dit satisfait à l’issue des visites effectuées au niveau des structures publiques et privées de la région mais également au niveau des différents centres de référence régionaux comme le Centre Mère et Enfant, le Centre Hospitalier Régional (CHR) où il a apprécié la disponibilité des agents pas en terme numérique mais en terme d’engament au niveau des différentes structures de santé, la qualité tant des soins que des intrants en particulier les médicaments de prise en charge du paludisme dont le gouvernement, a dès cette année, pris l’engagement de rendre gratuit aussi bien pour les enfants que pour les adultes.
Au niveau des différents centres visités le ministre en charge de la Santé Publique a trouvé une disponibilité des intrants et constaté une pleine implication des autorités régionales notamment le gouverneur, le Conseil régional, les élus locaux, le conseil municipal et les acteurs de la société civile et les leaders d’opinion. Pour Dr Illiassou Idi Maïnassara, la mission a répondu à ses attentes. En effet, elle lui a permis de mener des discussions et exposer les problèmes qui assaillent le système de santé. Sur toutes ces préoccupations, des engagements ont été pris pour apporter des corrections aux problèmes par le Ministère de la Santé avec l’appui des partenaires.
L’autre point fort de la mission a relevé Dr Illiassou Idi Maïnassara c’est cet engagement que, l’OMS a pris l’engagement de doter la région d’Agadez d’une unité de production d’oxygène pour couvrir les besoins de l’ensemble de la région. D’autres appuis ont été également réceptionnés notamment un appui en médicaments et consommables d’une valeur de près de 500 millions de FCFA offert par l’OMS, un appui de l’OIM qui a mis à la disposition de la région d’Agadez un appareil du PCR de grande capacité. Selon les explications du ministre, cet appareil au-delà des examens PCR dans le cadre de la gestion du COVID-19, servira à d’autres notamment dans la recherche du VIH, de l’hépatite, de la rougeole, etc. «Aujourd’hui il n’est plus besoin d’envoyer des échantillons à Niamey pour identifier un germe responsable des maladies précitées», s’est réjoui le ministre de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales. Dr Illiassou Idi Maïnassara a encouragé et félicité, au nom du gouvernement, tous les agents de santé, qui travaillent sur l’étendue de cette région.
Au terme de sa visite de travail à Agadez, le ministre de la Santé Publique a fait un certain nombre de constats. «Beaucoup d’agents de santé cherchent toujours à quitter la région pour des raisons non objectives puisque, quand on choisit le travail de santé, il faut avoir la volonté de rester de le faire comme cela a été mon cas. Quand j’ai fini mes études j’ai été directement affecté à Agadez, puis Bilma car à l’époque on ne choisit pas là où on va servir. Ce qui est malheureux aujourd’hui, c’est que, l’Etat engage des agents et avant même de rejoindre leurs postes ils s’engagent dans des démarches pour refuser de partir à leurs lieux d’affectations. Maintenant nous avons pris des dispositions pour que, les agents acceptent de travailler pour l’Etat ou de le quitter définitivement si ça ne leur plaît pas», a déploré Dr Illiassou Idi Maïnassara.
Bientôt une usine de production de l’oxygène à Agadez grâce à l’OMS
La représentante de l’OMS au Niger a, pour sa part, remercié les autorités régionales pour leur disponibilité ainsi que le personnel de sante. «Nous avons relevé des points faibles ainsi que des points forts, mais les points forts étaient plus nombreux. Ces points faibles doivent être améliorés de manière continuelle. D’ailleurs certains ont été améliorés sur place à travers les conseils donnés par le ministre qui lui-même est du métier et d’autres choses seront améliorées après», a-t-elle confié.
Dr Anya Blanche a ensuite annoncé que, l’OMS va doter la région d’une centrale de production d’oxygène. «D’ici la fin de l’année tout sera fonctionnel. Nous avons noté une insuffisance de moyens pour la surveillance et mes collaborateurs vont travailler avec les responsables de la région pour y apporter des solutions. Nous allons continuer à collaborer avec les autres partenaires pour l’amélioration de la santé des populations», a ajouté la représentante de l’OMS.
Pour sa part, le gouverneur d’Agadez, M. Magagi Maman Dada s’est appesanti sur trois points essentiels à savoir la migration, la Covid-19 et la logistique. Agadez c’est 52,6% de la superficie totale du territoire national avec 2000kms de frontières internationales avec le Tchad, la Libye, l’Algérie et le Mali. «Au regard de son immensité, c’est une région aussi aux frontières très poreuses en termes de migration. Il ya plus de risque de transmission de la Covid-19 mais la disponibilité des vaccins ne fait pas défaut. Toutefois, nous faisons face à une réticence des habitants. C’est pourquoi, au niveau du Conseil régional de sécurité, nous avons fait de la santé une de nos priorités. L’autre problème c’est le refus du personnel affecté dans la région de rester. Concernant la logistique, elle est vétuste et les moyens roulants dont nous disposons, ne sont pas adaptés», a relevé M. Magagi Maman Dada.
Après l’étape d’Agadez, la mission de travail du Ministère de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales conduite cette fois-ci par le Secrétaire général dudit ministère, M. Ibrahim Souley s’est poursuivi au niveau des formations sanitaires d’Arlit et de Assamaka à la frontière nigéro-algérienne. Ainsi au niveau d’Assamaka, il a été uniformisé les pharmacies du CSI et du Centre d’accueil des migrants. Le personnel a été renforcé par l’affectation d’une seconde sage-femme ainsi que tous les dispositifs permettant de satisfaire aux besoins des populations locales selon le Directeur régional de la santé publique, Dr Baoua Iro. Pour le cas de l’infirmerie de garnison du poste militaire que la mission a trouvé en état de délabrement un local a été affecté aux FAN. Le Directeur régional de la santé publique a par ailleurs notifié que depuis juin 2022, l’Hôpital de la Cominak d’Arlit a été érigé en hôpital de district et placé sous tutelle du Ministère de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales. La société Orano a, selon le DRSP, promis de continuer à faire face à certains besoins de cette infrastructure jusqu’en 2024.
Il faut noter que, la région d’Agadez compte sept (7) districts sanitaires, deux (2) hôpitaux de district ; 92 CSI fonctionnels ; 158 cases de santé dont 99 fonctionnelles, un (1) Centre hospitalier régional (CHR) ; un (1) Centre de santé Mère-Enfant (CSME) ; un (1) Centre régional de transfusion sanguine (CRTS), 10 cabinets médicaux, une (1) polyclinique ; quatre (4) salles de soins privées, trois (3) pharmacies publiques et deux (2) pharmacies privées. Les ressources humaines y compris le personnel des FDS et les privés se résument à 61 médecins, 464 infirmiers et 81 Sages femmes.
Les difficultés et les contraintes ont pour noms l’état des bâtiments du CSME, l’insuffisance en personnel (Traumatologue, Cardiologue, Psychiatre, Dentiste, Dermatologue, Sage femme, Infirmiers), l’insuffisance et la vétusté de la logistique (auto, moto), la non panne de la chambre froide depuis 4 mois; la gestion des refoulés d’Algérie et l’état des routes, les difficultés dans l’approvisionnement en médicaments, réactifs et consommables (faible capacité de l’ONPPC et manque de structures privées agrées).
A cela s’ajoutent l’accessibilité difficile des populations nomades aux services de santé; la faible couverture des CSI/CS en réseau d’eau courante et d’électricité ; l’insuffisance du plateau technique des districts (seuls 2 districts sur les 7 ont des HD) ; l’insuffisance de la couverture réseau GSM et de la connexion internet dans 6 districts sur 7; la faible couverture réseau GSM (75% des CSI n’ont pas de connexion internet) ; l’insuffisance de financement des activités de surveillance ; le non renouvellement du stock de gestion des épidémies, etc.
Au chapitre des mesures correctives, il est demandé la mise en route du Projet de délocalisation du CSME en cours à travers le Conseil régional ; l’expression et la transmission des besoins en ressources humaines au Ministère, le recrutement local; l’expression et la transmission des besoins en logistique au Ministère et aux Partenaires ; le déploiement des vaccins, la mise en place d’un dispositif de gestion des refoulés le long des routes migratoires.
Abdoulaye Harouna ONEP-Agadez