Originaire du village de «Kalantchalawa», dans la commune rurale de Bombey, région de Tahoua, Zakirou Zakari a marqué la 44ème édition du sabre national en faisant preuve de détermination et de courage lors des combats de ce championnat de lutte traditionnelle.
Zakirou Zakari avait choisi de mettre fin à ses études dès la 6ème pour se consacrer à d’autres activités. Depuis son enfance, il était passionné par la lutte traditionnelle et déjà le jeune homme montrait son habileté, sa force et son courage face à ses adversaires au village. Plus tard, Zakirou Zakari a séjourné en Côte d’Ivoire où il a commencé à lutter avant de rentrer au pays pour exercer l’activité qui le passionne tant. «C’est en 2018 que j’ai entamé ma carrière de lutteur, l’année où Yahaya Kaka a perdu la finale à Zinder contre Tassiou Sanni de Zinder. Au début, je n’ai jamais pensé poursuivre dans cette discipline jusqu’à devenir un professionnel », a expliqué Zakirou Zakari.
Sa réputation s’est rapidement répandue de bouche à oreille, jusqu’à parvenir aux oreilles de l’ancien et célèbre lutteur Kadadé, qui a appris l’existence d’un jeune talent prometteur. « Un jour, alors que j’étais chez moi, j’ai été contacté par Kadadé. Il m’a informé qu’il avait entendu parler de mes compétences et souhaiterait que je participe à la présélection pour l’équipe de la région de Tahoua. J’ai donc pris la direction de Tahoua, où j’ai progressivement gravi les échelons », a-t-il raconté.
Âgé aujourd’hui de 26 ans et célibataire, Zakirou Zakari, est un lutteur professionnel. Il exerce aussi dans le commerce vendant une variété d’articles à Tahoua. Lorsqu’il est en compétition, ce jeune homme très talentueux ne se contente pas seulement de faire preuve de force et d’énergie, mais il utilise également son astuce, sa technique et sa tactique pour vaincre ses adversaires, car il ne les sous-estime jamais. Il témoigne son admiration pour certains talentueux lutteurs tels que Yahaya Kaka, Laminou Mai Dabba, Yacouba Adamou et Issaka Issaka. Ce sont, affirme-t-il, ses préférés et qu’ils l’ont véritablement impressionné, le poussant ainsi à se lancer dans la lutte. Il considère ces derniers comme les plus doués, habiles, techniques, et il a beaucoup appris en les observant combattre. Zakirou Zakari les a toujours appréciés et continue à les soutenir, même si certains restent ses rivaux.
Pour lui, la qualité de la lutte ne dépend ni de la magie ni des gris-gris, mais qu’il s’agit d’une activité sportive à part entière. « Cette discipline n’est pas un loisir facile, au contraire, elle est très exigeante. Elle nécessite des entraînements intenses et il est crucial d’éviter de fumer, de consommer des drogues et d’avoir tout comportement immoral et irrespectueux. Il faut favoriser un style de vie sain avec un entraînement régulier pour maintenir une bonne condition physique en permanence », recommande ce jeune lutteur.
« Mes supporters et mes admirateurs m’ont apporté leur amour, leur respect, leurs encouragements, leur fraternité et surtout leurs prières. Il me revient de leur rendre la pareille en répondant à leurs attentes, c’est-à-dire en leur offrant ce qu’ils attendent de moi, à savoir le sabre national car leur désir ardent est de me voir gagner le sabre, et je prie pour avoir l’opportunité d’être couronné champion. C’est mon but ultime » a-t-il confié.
L’entraîneur de la région de Tahoua Mamidou Massalatchi a affirmé que Zakirou est un lutteur charismatique, possédant un tempérament combatif. De plus, il est constamment en excellente condition physique avec la taille et le physique idéal pour un lutteur de haut niveau. « Il n’a jamais pris à la légère un adversaire, qu’il soit de petite taille ou imposant, débutant ou expérimenté. De plus, il fait preuve d’une grande empathie, s’excusant lorsqu’il a tort », a-t-il témoigné. Coach Mamidou Massalatchi explique que la spécificité de ce jeune lutteur réside dans sa détermination et ses objectifs. « Un aspirant au sabre doit être conscient de son environnement. Tout individu souhaitant évoluer dans cet environnement doit être capable de s’entourer judicieusement et de maîtriser ses relations sociales », a-t-il ajouté.
Sur un ton joyeux et confiant, Coach Mamidou Massalatchi exprime son enthousiasme à propos du lutteur Zakirou Zakari, parle de son hygiène de vie et sa discipline, considérant ce jeune prodige comme l’incarnation de la prudence.
Zakirou entretient d’excellentes relations avec les lutteurs du Niger en général, et ceux de Tahoua en particulier. Selon lui, ils forment une véritable famille. Les lutteurs se soutiennent mutuellement en période difficile et partagent ensemble les moments de joie. Chacun est le favori dans sa région et chacun s’efforce d’apporter du plaisir et de la joie dans le cœur des supporters en remportant le sacre ultime.
« Quand j’entre dans l’arène, le seul adversaire que je préférerais éviter, ce serait Hamissou Nouhou de Zinder. Ce n’est pas par peur, mais plutôt parce qu’il est un ami très cher à mes yeux. À part lui, je ne ménage personne. Quant à Aibo, c’est un ami de longue date avec qui j’ai surmonté de nombreuses épreuves. Malgré notre amitié, il incarne l’espoir de Maradi et moi, celui de Tahoua. Chacun souhaite honorer sa région, mais personne ne redoute l’autre. Si nous venions à nous affronter dans l’arène, chacun agirait en son âme et conscience, et notre amitié perdurerait par la suite » a-t-il expliqué.
Zakirou Zakari a récemment fait une déclaration largement diffusée sur les réseaux sociaux à propos de sa retraite, affirmant clairement qu’il l’avait annoncée à tous. « J’avais décidé de mettre fin à ma carrière de lutte après quelques années pour me consacrer entièrement à mon commerce. Des rumeurs et des fausses informations circulaient à mon sujet, ce qui m’a découragé et m’a poussé à anticiper ma retraite. Malheureusement, personne ne m’a soutenu dans cette démarche et tous ont cherché à me dissuader. Eladj Kadadé, qui est comme un père pour moi, m’a clairement signifié que ma retraite n’était pas encore venue. Il m’a conseillé de continuer la lutte, et je ne saurais lui dire non » a-t-il conclu.
Assad Hamadou (ONEP)